MYSTHIC: “Nous avons encore beaucoup à apprendre sur le cycle du carbone géologique”

Depuis plus d’un an, Javiera Villalobos Orchard travaille en tant que géochimiste en postdoc sur MYSTHIC, un projet financé par le LabEx UnivEarthS à l’IPGP. Elle nous en dit plus sur son travail et son parcours.

“J’ai toujours été curieuse de la Terre”. L’intérêt de Javiera pour la Terre et la nature vient de son pays d’origine : le Chili. Ayant grandi à Santiago, avec les Andes à proximité, Javiera a toujours été entourée de beaucoup de montagnes, de volcans ou de tremblements de terre.

À 15 ans, elle décide de devenir géologue et d’orienter ses études vers l’étude de la Terre. Après le lycée, elle entre donc à la faculté des sciences physiques et mathématiques de l’université du Chili. Elle étudie la géologie pendant 4 ans, durant lesquels elle part également quelques mois au Royaume-Uni, lors de son stage à l’Université de Manchester. Elle y acquiert une première expérience dans le domaine de la géochimie. Elle rencontre également son futur directeur de thèse.

Après un an de retour au Chili, Javiera revient à Manchester en 2016 pour son doctorat, grâce à un financement de l’Agence nationale pour la recherche et le développement (ANID) – CHILE Doctoral Scholarship Program.

Ses recherches doctorales portent sur l’étude des variations des isotopes du molybdène (Mo) dans les roches magmatiques provenant de divers contextes géologiques à haute température, comme les zones de subduction. En effet, les isotopes de Mo peuvent constituer un traceur intéressant pour suivre les processus de transfert de masse géologique. Afin de mieux comprendre le rôle des isotopes du molybdène dans ces systèmes à haute température, Javiera a dû effectuer de nombreuses opérations chimiques et analyses sur différents échantillons correspondant à différentes échelles de processus géologiques. Cela l’a amenée à collaborer avec différents laboratoires de recherche, notamment au sein de l’université de Bristol, de l’université de Cambridge et de l’université de Göttingen.

Comme beaucoup de chercheurs, Javiera a vu ses recherches affectées par le Covid-19. Elle note : “Je n’ai pas pu faire de travail de laboratoire pendant le lockdown, donc une grande partie de mon travail n’a pas pu être publiée.” Cela ne l’a néanmoins pas empêchée de terminer avec succès son doctorat, puis de commencer un postdoc à l’IPGP à l’été 2020. “Cela a été un défi de terminer mon doctorat, de trouver un postdoc et de déménager à Paris pendant une pandémie mondiale.”

Javiera travaille désormais sur le programme MYSTHIC, un projet financé par le LabEx UnivEarthS visant à mieux comprendre le rôle et les processus du stockage géologique du carbone dans le cycle du carbone de la Terre. En effet, la majeure partie du carbone de la Terre est stockée de manière inerte dans la lithosphère terrestre.

Mais la composante géologique du cycle du carbone fonctionne lentement par rapport aux autres parties du cycle global du carbone. C’est l’un des déterminants les plus importants de la quantité de carbone dans l’atmosphère, et donc des températures mondiales. “Il n’était pas non plus très bien connu”, ajoute Javiera.

L’Himalaya est un laboratoire naturel unique et actif pour étudier les flux et les émissions de carbone associés à la formation des montagnes. À la frontière entre la pétrologie, la géochimie et la géomicrobiologie, MYSTHIC vise à évaluer le stockage et la mobilité du carbone et son impact sur l’activité biologique endoterrestre et les émissions de carbone, en reliant les processus actuels aux cycles (bio)géochimiques non contraints à travers les temps géologiques.