28ème Festival d’astronomie de Fleurance – 4 au 10 Août 2018

Du 4 au 10 août 2018, le monde de l’astronomie se donne rendez-vous à Fleurance (Gers) pour un festival qui promet bien des surprises ! UnivEarthS y sera présent au travers de Lucile Fayon, doctorante UnivEarthS et ingénieur de recherche IPGP ; membre de l’association UniversCiel, elle présentera une exposition sur l’instrument SEIS de la mission Insight.

Cinquante intervenants, plus de 150 activités différentes proposées durant une semaine, un festival astro-jeunes, un marathon des sciences, un cycle cinéma organisé avec l’Institut Henri Poincaré, un village des sciences ouvert à tous, des veillées aux étoiles… Cette année encore, le Festival d’astronomie de Fleurance propose un menu bien alléchant.

Les jeunes de 4 à 17 ans ne seront pas oubliés, avec leur propre événement ! Astro-Jeunes accueille plus de 220 enfants chaque jour pour leur faire découvrir l’astronomie et le spatial de manière ludique et passionnante. Des sujets variés sont abordés avec cette année le Big Bang, la vie des étoiles, l’exobiologie ou encore l’exploration de la planète Mars (et c’est là qu’intervient Lucille Fayon!). Cette semaine de découverte se conclut traditionnellement par une grande fête et des jeux astronomiques en équipe, pour remporter les lots offerts par les partenaires, lots auxquels UnivEarthS a contribué pour récompenser les jeunes gagnants.

 

Pour en savoir plus :

 

Le site officiel du Festival d’astronomie de Fleurance : http://www.festival-astronomie.fr/

Le programme du Festival (PDF) : http://www.fermedesetoiles.fr/documents/catalogues/festival-astronomie-fleurance-2018.pdf#page=1&zoom=auto,-221,601

La Ferme des Etoiles, qui accueille le festival http://www.fermedesetoiles.fr/

L’association UniversCiel : http://universciel.info/

 

L’interview de Lucile Fayon : autour d’Insight

 

 

Recrutée en thèse par UnivEarthS en 2014, Lucile Fayon a travaillé trois ans sur l’instrument SEIS, le sismomètre embarqué dans la mission Insight pour étudier l’intérieur de Mars.

La mission Insight a été lancée le samedi 5 mai 2018, depuis la base de Vandenberg, Californie, à bord d’une fusée Atlas V, envoyant la sonde dans un grand voyage vers la planète Mars où elle va atterrir le 26 novembre de cette année.

 

Vue d’artiste de l’atterisseur Insight sur Mars. En bas à gauche, le sismomètre SEIS déployé. ©NASA-JPL

 

Le travail de Lucile Fayon contribue à l’étude du sol de Mars une fois que la sonde aura atterri à la surface de la planète, ainsi qu’à développer l’instrumentation pour de futures missions d’exploration spatiale.

Il a été effectué au sein de l’IPGP et l’APC, sous la direction de Philippe Lognonné et Hubert Halloin dans l’équipe I3 : Physique fondamentale et géophysique dans l’espace. Après avoir soutenu sa thèse “Instrumentation sismologique spatiale : Fonction de transfert du sismomètre 6 axes InSight et développement d’un capteur de déplacement picométrique par interférométrie”, Lucile Fayon exerce à présent comme ingénieure de recherche à l’IPGP, pour continuer à avancer sur la mission Insight. Son travail consistera en partie à étudier les premières données du sismomètre InSight pour peut-être commencer à contraindre les propriétés du sol de Mars au niveau du site d’atterrissage.

 

 

 

Dans son interview, elle nous raconte ce grand moment qu’a représenté le lancement depuis la base de Vandenberg pour toute l’équipe française aux côtés de la NASA, le travail qu’elle a effectué sur SEIS et notamment les pieds du sismomètre pour étudier le sol de Mars, les études réalisées pour améliorer les instruments en vue de futures missions spatiales, et enfin ce que le Labex UnivEarthS lui a apporté.

 

 

Pour aller plus loin :

 

InSight, le premier observatoire géophysique martien, a quitté la Terre.

SEIS, le sismomètre français embarqué sur InSight, va écouter battre le cœur de Mars

Manuscrit de thèse de Lucile Fayon : “Instrumentation sismologique spatiale : Fonction de transfert du sismomètre 6 axes InSight et développement d’un capteur de déplacement picométrique par interférométrie”

Le site officiel en français du sismomètre SEIS de la mission Insight

Le site officiel NASA de la mission Insight (en anglais)

Résumé de la thèse de Lucile Fayon :

 

La compréhension de la formation du Système Solaire et de son évolution est profondément connectée aux connaissances que nous pouvons avoir sur les structures internes de ses planètes. Des études sismiques in-situ sont donc cruciales pour sonder la structure (répartition et épaisseur des couches) et la composition interne des planètes telluriques.

L’instrument SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure) se posera sur Mars en 2018 (mission InSight de la NASA). Il contient deux types de capteurs sismiques : les VBBs (Very Broad Band) et SPs (Short Period), montés sur le LVL (système de nivellement mécanique) qui a un double objectif : assurer le placement horizontal des capteurs sur le sol de Mars dans des conditions locales inconnues et fournir leur couplage mécanique au sol. Dans cette thèse, un modèle analytique simple du LVL est développé afin de reproduire son comportement mécanique grâce au calcul de ses résonances et de sa fonction de transfert. Ce modèle permettra d’étudier l’effet du LVL sur les données sismiques des VBBs et SPs enregistrées sur Mars. Celui-ci est d’abord implémenté numériquement puis sa validation est garantie grâce à l’observation de grandes similitudes entre nos résultats et ceux des expériences réalisées en laboratoire avec le modèle de vol du LVL. Ces comparaisons prouvent ainsi la fidélité du modèle à la réalité. Après quelques simulations, on remarque également une influence importante du couplage mécanique entre les pieds du LVL et le sol dans les résonances trouvées. Une étude d’inversion est alors réalisée afin d’observer si le modèle pourrait permettre une estimation des propriétés élastiques du sol au niveau du site d’atterrissage InSight. Un autre travail consiste à modéliser les 6 capteurs VBBs et SPs sur le LVL et observer la réponse de l’instrument 6 axes en translation et en rotation. Cette étude permet notamment d’estimer les performances de SEIS en rotation, qui peut être une information clé pour déterminer la vitesse de phase des ondes sismiques de surface, fortement dépendantes de la composition du sol. Cette vitesse sera calculée sur Mars en réalisant une expérience sismique active grâce à l’autre instrument principal d’InSight : HP3.

Aujourd’hui, de nouveaux projets sont étudiés pour un retour sismique sur la Lune. En effet, bien qu’ayant une bonne résolution en terme de déplacement du sol les sismomètres Apollo étaient cependant incapables de détecter le bruit sismique du sol lunaire, appelé “meteoritic hum”. Ce bruit, dû aux chutes continues de micro-météorites, a une amplitude estimée à 1/100ème de la résolution des sismomètres Apollo. Les phases sismiques du noyau, même si estimées grâce au “stacking” des données, n’ont pas non plus été directement enregistrées. Une nouvelle génération de sismomètres, 100 à 1000 fois plus sensibles que ceux d’Apollo, est donc désirée. Cette sensibilité pourrait permettre d’atteindre le plancher du bruit sismique lunaire et de tirer ainsi bénéfice de l’intégralité des ondes générées par l’activité sismique lunaire. La structure d’un tel sismomètre serait un capteur de déplacement, toujours lié à une masse d’épreuve, mais présentant de grosses améliorations en termes de performance, linéarité, et niveau de bruit. Pendant cette thèse, un prototype de système de lecture optique de déplacement pour sismomètre lunaire ultra-sensible est développé, basé sur l’utilisation de la technologie des détecteurs d’ondes gravitationnelles. En effet, celle-ci est une référence en termes de mesures interférométriques à basse fréquence et très bas niveau de bruit. Le prototype construit est ainsi basé sur la technique de stabilisation laser appelée “Pound-Drever-Hall”. L’objectif est d’améliorer la sensibilité des VBBs d’InSight d’environ 2 ordres de grandeur. Le principe de la mesure est présenté dans ce manuscrit, ainsi que ses performances attendues, les choix techniques d’implémentation de l’expérience et les premiers résultats.

 

 

Un premier indice multi-messager d’un accélérateur de rayons cosmiques ?

La quête des sources de rayons cosmiques, c’est à dire des particules hadroniques arrivant sur Terre avec des énergies tellement grandes qu’elles dépassent largement celles des collisionneurs créées par l’homme comme le LHC, est en cours depuis plusieurs décennies. Bien qu’étant ultra-relativistes, les rayons cosmiques sont déviés par les champs magnétiques présents dans tout l’Univers et leur direction d’arrivée sur la Terre ne nous renseigne donc plus sur leur origine. À ce jour, aucune source n’a pu être identifiée dans la distribution des directions d’arrivée des rayons cosmiques et le mécanisme d’accélération de ces particules reste encore une énigme.

Mais depuis quelques années, un nouvel angle d’attaque sur le mystère de l’origine des rayons cosmiques a été développé (par les physiciens de l’Irfu entre-autres): “l’astronomie multi-messager”. Dans ces recherches, on utilise le fait que les interactions fondamentales créent des liens uniques entre différentes particules de haute énergie. Des observations combinées de divers messagers cosmiques pourraient en effet fournir les informations manquantes sur les phénomènes violents à l’origine des rayons cosmiques.

 

Les rayons gamma à haute énergie jouent un rôle important dans ce contexte. Ils sont abondamment produits dans la plupart des processus à haute énergie et fournissent une mine d’informations, telles que les localisations, des analyses morphologiques et des spectres d’énergie des sources. D’autres informations importantes sont fournies par les neutrinos de haute énergie : leur origine peut être directement liée à la présence de particules hadroniques. Bien qu’ils fournissent une pièce cruciale du puzzle dans la recherche des sources d’accélérateurs de rayons cosmiques, les neutrinos sont intrinsèquement difficiles à détecter. Même dans les observatoires comme IceCube qui utilise un volume instrumenté de la taille d’un cube d’1 km de coté dans la calotte glaciaire du pôle Sud, seuls quelques événements individuels ont été identifiés au cours des dernières années. Reconstruits avec une précision limitée, ces événements n’ont jusqu’à présent pas été liés à des sources astrophysiques détectées à d’autres longueurs d’onde. Il est donc devenu évident que seule une combinaison de divers messagers, tels que les neutrinos et les rayons gamma à haute énergie, peut rassembler les informations requises pour résoudre ce problème ancien. Par exemple, les observations d’une corrélation spatiale et temporelle entre rayons gamma et neutrinos pointeraient vers une région d’émission conjointe (identifiée par la bonne résolution spatiale fournie par les observations de rayons gamma) capable d’accélérer les particules hadroniques dont l’interaction avec le milieu provoque l’émission de neutrinos.

Ces recherches ont été initiées il y a plusieurs années par la collaboration H.E.S.S. (e.g. F. Schussler et al., ICRC 2017), en étroite collaboration avec les deux principaux télescopes à neutrinos, IceCube et Antares. La mise en place d’un système d’alerte permet en seulement quelques dizaines de secondes d’échanger des messages annonçant la rare détection de neutrinos de haute énergie parmi un réseau mondial d’instruments. Grâce à un traitement entièrement automatisé de ces messages et la capacité des télescopes à pointer vers une nouvelle région du ciel très rapidement, H.E.S.S. est souvent l’observatoire le plus rapide du réseau. Cela a encore pu être démontré le 22 septembre 2017 : à 20h54m30.43s (UTC), un neutrino à haute énergie d’environ 290 TeV (IceCube-170922A) a été détecté dans une analyse automatisée qui fait partie du système d’alerte de IceCube. Un message a été distribué aux observateurs 43 secondes plus tard. La direction du neutrino, reconstruite à une surface d’environ 1°, pointe vers l’emplacement d’un blazar à rayons gamma connu TXS 0506+056. Ce blazar, probable source de l’accélération des rayons cosmiques (voir figure 1), est devenu observable par l’observatoire H.E.S.S. en Namibie environ 4 heures plus tard et un ensemble de données initiales de 1,3h a pu être obtenu durant cette nuit-là. Des observations supplémentaires ont été récoltées les nuits suivantes, mais aucune émission de rayons gamma n’a pu être détectée dans la région. Des limites supérieures à 7,5 x 10^-12 erg/cm^2/s (95% C.L.) sur le flux de rayons gamma ont ensuite été calculées.

 

Illustration d’artiste d’émission corrélée de neutrinos et rayons gamma par un blazar comme TXS 0506+056 (credit : IceCube, University Madison-Wisconsin). Un blazar est un noyau actif de galaxie (AGN) qui possède des jets de particules dirigés vers la Terre. Les AGN sont les candidats les plus probables pour l’accélération de rayons cosmiques aux énergies considérées ici. (credit : IceCube/NASA)

 

Les observations de rayons gamma de plus basse énergie obtenues avec l’instrument LAT embarqué sur le satellite Fermi ont montré que le blazar TXS 0506+056 n’était pas dans son état normal. De fortes variations de flux de près d’un ordre de grandeur par rapport à la moyenne à long terme avaient été observées pendant plusieurs semaines depuis avril 2017. Comme indiqué ci-dessus, l’observation d’un neutrino pointant vers un blazar émettant des rayons gamma au cours d’une phase active suggère que les blazars peuvent être une source de rayons cosmiques de haute énergie. Cela a suscité l’intérêt de la communauté astronomique plus largement et a déclenché une vaste campagne d’observation allant des fréquences radio aux rayons gamma de haute énergie. Au cours de cette campagne, des rayons gamma de haute énergie (allant jusqu’à 400 GeV) ont été détectés par l’instrument MAGIC situé à l’Observatoire Roque de los Muchachos sur les îles Canaries à La Palma. L’émission aux rayons X a montré une variabilité spectrale, le flux dans la bande du visible était le plus élevé jamais observé ces dernières années. Un résumé de ces observations peut être trouvé dans une publication commune de tous les observatoires ayant participé à cette magnifique campagne d’observations (IceCube Collaboration et al., Multimessenger observations of a flaring blazar coincident with high-energy neutrino IceCube-170922A. Science 361, eaat1378 (2018).

Les chercheurs d’IceCube ont ensuite analysé la région du ciel autour de TXS 0506+056 en détail. Ils ont ainsi trouvé une fluctuation dans le flux de neutrinos venant de la région fin 2014 (IceCube Collaboration, Neutrino emission from the direction of the blazar TXS 0506+056 prior to the IceCube-170922A alert. Science 361, 147-151 (2018). Les recherches supplémentaires sur l’état du blazar à ce moment-là sont en cours. En exploitant les données d’un autre télescope à neutrinos installé dans la mer Méditerranée, la collaboration Antares a vérifié ces résultats en étroite coopération avec les collègues d’IceCube. Même si la région autour de TXS 0506+056 est l’une des plus brillantes du ciel vu par Antares, les résultats restent compatibles avec des fluctuations (http://antares.in2p3.fr/News/index.html).

En haut : Photographie du télescope à neutrinos IceCube en surface au pôle Sud. © Amble / En bas : Vue schématique de l’évènement IceCube-170922A. Le code couleur représente le temps d’arrivée des signaux dans le détecteur (allant du rouge au bleu). © IceCube, University Madison-Wisconsin

Malgré toute l’excitation liée à la potentielle résolution d’une énigme vieille de plus de 100 ans, il est important de garder la tête froide. Il faut donc noter qu’il reste une probabilité de 0,1% que la coïncidence de l’événement neutrino avec le sursaut de TXS 0506+056 soit purement aléatoire. Cette probabilité est faible mais correspond environ à celle de trouver quatre fois d’affilée le même chiffre en lançant un dé. Pas vraiment exclu donc… En conclusion, la corrélation observée entre le neutrino énergétique IceCube-170922A et le blazar TXS 0506+056 pourrait indiquer que les blazars gamma sont effectivement des sources, pour au moins une fraction des neutrinos astrophysiques observés et peuvent donc faire partie des sources produisant des rayons cosmiques de haute énergie. Grâce à cet événement remarquable, la fenêtre vers l’astrophysique multi-messager avec des neutrinos de haute énergie et des rayons gamma de haute énergie vient donc d’être entrouverte. Ces nouvelles possibilités devront être vérifiées et exploitées par des observations futures. Les physiciens de l’Irfu, qui coordonnent ces observations avec H.E.S.S., s’affairent à la construction de l’observatoire de rayons gamma de nouvelle génération CTA (Chenrekov Telescope Array) et auront bientôt à leur disposition un instrument de tout premier plan pour continuer ces recherches.

 

 

Pour aller plus loin :

 

Le site web de la collaboration IceCube : https://icecube.wisc.edu/

Le site web de la collaboration ANTARES : http://antares.in2p3.fr/

Le site web du H.E.S.S. Observatory : https://www.mpi-hd.mpg.de/hfm/HESS/

 

[1] “Multimessenger observations of a flaring blazar coincident with high-energy neutrino IceCube-170922A,” The IceCube, Fermi-LAT, MAGIC, AGILE, ASAS-SN, HAWC, H.E.S.S, INTEGRAL, Kanata, Kiso, Kapteyn, Liverpool telescope, Subaru, Swift/NuSTAR, VERITAS, and VLA/17B-403 teams, Science 361. DOI:10.1126/science.aat1378

[2] “Neutrino emission from the direction of the blazar TXS 0506+056 prior to the IceCube-170922A alert,” IceCube Collaboration: M.G. Aartsen et al. Science 361. DOI:10.1126/science.aat2890

[3] “Search for neutrinos from TXS 0506+056 with the ANTARES telescope”, ANTARES Collaboration: A. Albert et al., https://icecube.wisc.edu/static/docs/submitted_txs.pdf

Rencontre GdR ISIS-OG : questions ouvertes en analyse du signal pour l’astronomie gravitationnelle – 8 octobre 2018

Les premières observations d’advanced LIGO et Virgo marquent l’avènement d’une nouvelle astronomie gravitationnelle, au grand potentiel de découverte touchant de nombreux domaines de la physique fondamentale à l’astronomie et la cosmologie.

Ceci se développera dans les prochaines années lors des prises de données à venir et à plus long terme à l’aide de nouveaux instruments au sol, comme l’Einstein telescope, et dans l’espace avec la mission LISA.

La production scientifique à partir de ces observations repose sur un éventail de méthodes d’analyse permettant l’extraction du signal, l’estimation des paramètres astrophysiques et la caractérisation du bruit des instruments. L’objectif de cette rencontre est de rassembler la communauté française travaillant sur l’astronomie gravitationnelle, et celle des spécialistes du signal afin d’aborder les questions d’analyse du signal encore ouvertes dans ce domaine.

Nous aurons trois exposés tutoriels : un exposé introductif et deux autres portant sur deux thèmes sélectionnés pour la journée. Ils seront accompagnés d’exposés et de posters contribués.

Les deux thèmes considérés pour la journée sont :

1. L’apprentissage machine
2. Méthodes bayésiennes d’estimation

et leurs applications potentielles dans le domaine de l’astronomie gravitationnelle.

La journée se déroulera le 8 octobre sur le campus de Université Paris Diderot (Paris 13ème, métro Bibliothèque François Mitterand). [Amphithéâtre Pierre Gilles de Gennes, niveau -1 du bâtiment Condorcet de l’UFR de Physique, 4 Rue Elsa Morante 75013– https://goo.gl/maps/c4LTT1Lv4WA2

Elle commencera à 9h30, pour se terminer vers 17h00.

Orateurs confirmés :

Florent Robinet (LAL) et Eric Chassande-Mottin (APC)

Stéphane Canu (LITIS, Rouen)

Nicolas Dobigeon (IRIT/INP-ENSEEIHT & IUF, Toulouse)

Appel à contributions (présentations orales et affiches) :

Les personnes souhaitant présenter leurs travaux sont invitées à faire part de leur intention aux organisateurs *avant le 14 septembre* (contacts : ecm_at_apc.in2p3.fr et nicolas.le-bihan_at_gipsa-lab.inpg.fr)

Pour les contributions orales, la préférence ira aux contributions en lien avec les deux thèmes de la journée. Pour les affiches, toute contribution présentant un intérêt pour les ondes gravitationnelles est la bienvenue. Les membres du GdR ISIS suivent la procédure habituelle d’inscriptionà partir du site du GdR. Les membres du GdR OG sont invités à s’inscrire sur le site suivant :
https://indico.in2p3.fr/e/isis-og-2018

Comité d’organisation :

 

Pierre Chainais (CRIStAL, Ecole Centrale de Lille)

Eric Chassande-Mottin (APC, Univ Paris Diderot)

Caroline Chaux (I2M, Univ Aix-Marseille)

Patrick Flandrin (ENS Lyon, Académie des sciences)

Stephane Jaffard (LAMA, UPEC)

Nicolas Le Bihan (Gipsa-Lab, CNRS)

Florent Robinet (LAL, Univ Paris Sud)

Tournage du film « NAMAZU : DÉTECTER PLUT TÔT LES MOUVEMENTS DU POISSON-CHAT »

Le Labex UnivEarthS est heureux d’annoncer qu’il s’associe activement à la réalisation du documentaire scientifique qui porte actuellement le titre de :

 

“Namazu : détecter plus tôt les mouvements du poisson-chat”
Les signaux de gravité : un nouvel outil pour la détection précoce des tremblements de terre

Le contexte scientifique :

 

Il y a environ cinq ans des géophysiciens et des astrophysiciens des ondes gravitationnelles ont commencé à travailler ensemble, notamment grâce au Labex UnivEarthS. Le point de contact était très simple et en même temps très vague : les tremblement des terre et les fluctuations sismiques représentent un bruit pour les détecteurs d’ondes gravitationnelles et un signal pour les géophysiciens.

Matteo Barsuglia, astrophysicien, et Jean-Paul Montagner, géophysicien, dans la salle de contrôle de l’instrument VIRGO. Ils sont à l’origine du projet UnivEarthS Géophysique et détecteurs d’ondes gravitationnelles.

 

De cette étrange liaison une idée visionnaire est née: utiliser les changements de gravité quasi instantanés produits pendant un tremblement de terre, pour améliorer les systèmes d’alerte rapide des séismes. Ceci à la fois pour gagner un temps précieux et mettre en place des procédure de sécurité, mais aussi pour déterminer plus tôt la magnitude précise du tremblement de terre, toujours dans le but d’alerter les populations, par exemple pour des tsunamis.

Les résultats de ces recherches ont fait l’actualité, en 2015, avec un article publié sur « Nature Communications » et décembre 2017, avec une publication « Science ». Dans ces deux articles on mettait en évidence pour la première fois un signal gravitationnel pendant le grand tremblement de terre de Tohoku en 2011, celui qui a été le responsable indirect de la catastrophe de Fukushima. Dans l’article sur Science on montrait aussi, pour la première fois, comment avec une détection rapide de la gravité, on aurait pu déterminer la magnitude du séisme de Tohoku en 3 minutes au lieu de quelques dizaines de minutes !

> Détection d’un signal de gravité avant l’arrivée des ondes sismiques lors du tremblement de terre de Tohoku-Oki (11 mars 2011, magnitude 9.0)

Pour aller plus loin, et avoir des alertes plus rapides et pour des tremblements de terres moins importants, des nouveaux détecteurs sont nécessaires, et les technologies développées pour les ondes gravitationnelles pourraient jouer un rôle.

 

Le site EGO-Virgo à Caccina en Italie, où se trouve le détecteur européen d’ondes gravitationnelles.

 

Le film documentaire Namazu :

 

La motivation de ce film est double. En premier, expliquer à un large public ces derniers développements en séismologie et comment ils pourraient aider à diminuer les dégâts provoqués par les gros séismes. Et de deux, raconter l’histoire d’une collaboration étroite et fructueuse entre les géophysiciens et les physiciens des ondes gravitationnelles. Ce projet est vraiment une illustration majeure de la puissance de l’interdisciplinarité et la capacité de faire émerger des idées nouvelles, en combinant des points de vue différents sur le même sujet, une idée qui est au cœur des collaborations promues par UnivEarthS.

 

Matteo Barsuglia et Jean-Paul Montagner dans la salle de contrôle de l’instrument VIRGO.

 

L’équipe de tournage, composée de Jean-Luc Robert, Clémence Epitalon et Jean-Michel Gerber, s’est d’abord rendue en Italie à la fin du mois de Mai, sur le site EGO-Virgo où se trouve le grand détecteur d’ondes gravitationnelles européen : un endroit idéal pour parler des signaux de gravité ! La semaine a été intense et a permis d’interviewer différents chercheurs, qui ont pu partager le fonctionnement des ondes gravitationnelles, du détecteur, et de leur avancée en lien avec les tremblements de terre. L’équipe a également pu réaliser de belles prises de vue, notamment aériennes par drone, du site EGO-Virgo et du détecteur.

 

L’équipe de tournage dirigée par Jean-Luc Robert s’est glissée dans un coin de la salle de contrôle opérationnelle pour interviewer Julia Casanueva, post-doctorante sur le site Virgo.

Réglages techniques avant de filmer Jean-Paul Montagner à l’extrémité du bras ouest de l’instrument VIRGO.

Le tournage s’est poursuivi à Paris en Juin, au sein de l’Institut du Globe de Paris qui a accepté de nous recevoir pour filmer les interviews des chercheurs parisiens. Ce fut le tour des géophysiciens d’être interviewés et de partager leur travail sur la relation entre les tremblements de terre, les outils utilisés actuellement et les nouvelles découvertes en relation avec les signaux de gravité.

 

Matteo Barsuglia et Jean-Paul Montagner, les chercheurs a l’origine du projet, seront bien évidemment en tête d’affiche, et ils seront accompagnés par leurs collaborateurs qui expliqueront en détail ce sur quoi ils travaillent, comment ils en sont arrivés à ces résultats, et ce qu’ils espèrent découvrir.

Le Labex UnivEarthS est très heureux d’apporter son soutien financier et logistique à ce projet, dont la thématique est au cœur de sa mission interdisciplinaire.

 

Mais pourquoi ” Namazu ” ?

 

Dans une légende japonaise du 17ème siècle, l’archipel nippon figure la croute terrestre et est symbolisé par une “pierre de fondation”, ou “kaname-ishi” , qui repose sur l’échine d’un poisson-chat, le “namazu” , qui vit dans la vase, dans les profondeurs de la terre. Le “namazu” est parfois en proie à de violents mouvements et cause de nombreuses destructions sur la surface de la terre. Le Dieu Kashima ou “kashima daimyojin”  est le seul a pouvoir le maitriser et il le tient constamment sous sa garde, en le maintenant au sol avec son épée, et en immobilisant sa tête sous la pierre “kaname-ishi“. Mais le Dieu Kashima relâche parfois son attention et le “namazu” en profite pour s’échapper et causer de nouvelles destructions.

 

L’apparition du poisson-chat, de nature discrète, a été considérée depuis de nombreux siècles comme l’augure de sombres présages (maladies, guerres, incendies), mais ce n’est qu’à partir du 17ème siècle qu’il est assimilé aux tremblements de terre.

Coïncidence étrange, les scientifiques ont découvert que les poissons-chats sont très sensibles aux signes avant-coureurs d’un séisme, comme les variations infimes du champ électrique, et se montrent très agités jusqu’à une période de 24 heures précédant un tremblement de terre…

 

 

Pour aller plus loin :

 

Prompt gravity signal due to the 2011 Tohoku-oki earthquake, Jean-Paul Montagner et al. Nature Communications 13349 (2016)

Observations and modeling of the elastogravity signals preceding direct seismic waves, M.Vallée et al., Science Vol. 358, Issue 6367, pp. 1164-1168

I13 : Géophysique et détecteurs d’ondes gravitationnelles

Détection d’un signal de gravité avant l’arrivée des ondes sismiques lors du tremblement de terre de Tohoku-Oki (11 mars 2011, magnitude 9.0)

http://www.virgo-gw.eu

– https://www.ligo.caltech.edu